Robin Val, le passionné de théâtre qui ne quitte pas le Centquatre 

Robin Val a monté sa compagnie de théâtre en juin. Ce Normand de 28 ans a fait du centre culturel du XIXe arrondissement sa seconde maison. Il y répète avec sa troupe tous les mercredis et rêve d’en devenir l’un des résidents.

Chaque semaine, Robin Val répète avec sa compagnie de théâtre au Centquatre. (Crédit : Juliette Vieban)

« A chaque fois que je viens au Centquatre, j’ai l’impression d’assister à un spectacle gratuit. » Originaire de Normandie, Robin Val, 28 ans, a comme passion le théâtre. C’est pour cela qu’il s’est installé à Paris, il y a cinq ans, pour suivre une formation de comédie musicale au Cours Florent. Pendant ses études, il a découvert le Centquatre, un espace culturel gratuit et ouvert à tous situé dans le XIXe arrondissement de Paris. Robin y passe une bonne partie de ses semaines. Sur un transat rouge au milieu de la halle, en ce mercredi après-midi, il observe les danseurs et les jongleurs autour de lui.

« Salut Nil ! Salut Sara ! Motivés ? » Les mercredis, c’est répétition « à fond ». Robin a créé en juin sa compagnie de théâtre : l’Office national des parcs et jardins. Aujourd’hui, elle réunit sept membres qui ont fait du Centquatre leur QG. « A Paris, trouver un lieu pour répéter c’est vraiment la galère. Soit c’est trop petit, soit c’est trop cher. Ce quartier est génial pour nous, fans de théâtre », raconte-t-il. Le lieu se situe à seulement cinq minutes à pied des locaux du Cours Florent. Et à quinze de son théâtre préféré, le Gouvernail.

« Péter le quatrième mur »

Caen, Angoulême, Nantes… Robin Val n’a jamais pu assouvir sa passion du théâtre avant d’arriver à Paris. Le comédien et metteur en scène n’a découvert la comédie qu’au lycée. Ses professeurs de français de l’époque l’ont amené voir plusieurs pièces de théâtre. Un déclic. Mais avant de se lancer, il tente des études de cinéma d’animation à Angoulême. « C’était trop théorique. Je ne me suis pas engagé dans des études artistiques pour rester derrière un ordi toute la journée. »

Ce que Robin aime, c’est « péter le quatrième mur », interagir avec le public. Tous les jeudis, il joue dans un petit théâtre du coin avec sa troupe. Un spectacle qu’il décrit en souriant comme « bizarre ». Trente pièces de deux minutes, dont l’ordre change chaque semaine après un vote du public.

Des projets plein la tête

Sa priorité du moment est d’obtenir son statut d’intermittent du spectacle. Et pour ça, il faut multiplier les représentations. Pour répéter, Robin apprécie le Centquatre, qui permet de se retrouver au milieu d’autres artistes. « L’an dernier, on a répété des chants de deuil pour une pièce. On a réussi à captiver tous les gens autour », décrit-il fièrement. Sinon, il réserve parfois avec sa troupe une salle au Cinq, juste à côté. « Ça me revient à 1,75 euro de l’heure. Il n’y a pas plus compétitif dans Paris. » 

Au-dessus de la halle gratuite du Centquatre, certaines pièces sont réservées à des résidents. Un jour, il espère faire partie de ces privilégiés. « C’est symbolique d’être là-bas. Regarder la salle depuis la passerelle, ça prouve qu’on a réussi », raconte-t-il, les yeux rivés vers les vitres en hauteur. Si le futur du comédien n’est pas dans le quartier du XIXe, il sera peut-être à Toulouse, ou dans une autre grande ville. Le monde du théâtre à Paris a beau faire rêver, il reste compliqué de s’y faire une place. 

Juliette Vieban