Rue du Château-Landon, dans le Xe arrondissement de Paris, une porte dérobée cache l’entrée du centre d’aiguillage de Paris-Est. Des équipes s’y relaient continuellement pour veiller à la bonne circulation des trains.
Le pont de la Fayette, un grillage, un pan de graffitis bariolés, le grincement d’un train. Une porte blindée mène à l’unité opérationnelle de circulation de la gare de l’Est. « Bienvenue au Poste 1 de Paris-Est », annonce solennellement Jean-Patrick Perrin, dirigeant de proximité chez SNCF Réseau. L’accès est hautement réglementé. Un escalier exigu au carrelage d’antan, une zone d’obscurité, deux badges à biper… Et, enfin, un bureau vitré qui surplombe les voies ferrées !
Une odeur de café flotte dans la salle surchauffée. Des baguettes de pain et de la confiture accueillent les aiguilleurs. En dessous, les trains s’enchainent, à raison de 400 par jour. La gare de l’Est voit en effet passer des TGV, des TER et des Transiliens. Ici, les aiguilleurs se relaient jour et nuit pour assurer la sécurité des voyageurs. De l’aiguillage des voies à la gestion des agents de maintenance, les contrôleurs du rail officient dans l’ombre.
Le centre d’aiguillage, un lieu clé dans le quartier
Les riverains de la rue du Château-Landon sont loin d’imaginer qu’à deux pas de chez eux se trouve le centre d’aiguillage d’une des plus grandes gares parisiennes. Christian Delmas, 51 ans, habite dans le quartier depuis 25 ans. L’homme, guilleret, a officié toute sa vie comme aiguilleur. « Les habitants du quartier ne sont pas curieux de mon métier. Ils passent devant l’entrée de mon bureau sans s’intéresser à ce qui se passe derrière », déplore-t-il. L’implantation des rails ne date pourtant pas d’hier. Les quatre premières voies apparaissent dans les années 1850. A l’horizon 2030, avec le CDG Express, 28 composeront le nœud ferroviaire.
Au sein du poste de travail, un grand tableau lumineux indique les voies de l’exploitation ferroviaire. Les alarmes signalant un train à l’approche se succèdent. Des voies clignotent en rouge sur le panneau d’affichage. « Le conducteur respecte les signaux et la vitesse. C’est nous le volant », se vante Christian Delmas. À ses côtés, trois collègues œuvrent au bon cheminement des trains.
« Tu peux mettre la ligne 2 à la voie 14, s’il te plaît Christian ? » questionne d’un ton assuré Christophe, 30 ans. Concentré, le jeune homme actionne les aiguillages depuis son ordinateur. Tarek, vêtu d’un jogging, est assis au poste à relais électriques. Il pousse et tire les boutons d’une imposante console qui prédétermine le chemin des trains à leur départ ou arrivée en gare. « Tu peux expédier le train », ordonne Tarek à Thibault, 35 ans, agent de réserve au Poste 1 de Paris-Est.
Le jeune homme sursaute. L’annonce de son collègue le coupe… dans sa lecture ! Chaussé de Birkenstock, le jeune homme a beau ne pas être débordé, il se sent « fier de donner une régularité optimum pour les voyageurs». Et celui d’ajouter : «Derrière les numéros du tableau, on se dit qu’il y a des vies entre nos mains ».
Le radio se déclenche dans une rangée située à l’arrière de la salle. « Un incident sur une voie s’est déclenché », prévient un agent d’escale. Le chef de poste, David, 51 ans, exige la fermeture d’une voie. Toute l’équipe s’exécute. « C’est très calme aujourd’hui. Pas de retard, ni d’incident grave à signaler », se réjouit David.
Lucas Santerre