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Le marché Saint-Martin, petit village aux multiples nationalités – Paris Popu

Le marché Saint-Martin, petit village aux multiples nationalités

La plupart des stands du marché couvert proposent des cuisines internationales. Ces halles singulières sont un espace de détente, de restauration et de (re)découvertes.

Une même allée rassemble la cuisine espagnole, marocaine et allemande. Photo : Constantin Jallot

« Vale, hasta luego ! » Une cliente s’éloigne du vendeur avec quatorze « croquetas », des tapas traditionnels. Mes souvenirs d’Espagne, une échoppe au cœur du marché couvert Saint-Martin, met à l’honneur les spécialités ibériques. À deux pas du théâtre de la Renaissance, ces halles ouvrent tous les jours de 9h à 20h pour proposer une gamme variée de cuisines du monde, dans une ambiance calme, inhabituelle dans les marchés.

Roger Estrader Nadal et sa famille comptent parmi les commerçants les plus récents. Ils sont pourtant installés ici depuis six ans, mais bon nombre de marchands travaillent là depuis l’ouverture du marché, en 1992. Les stands historiques proposent les spécialités les plus « traditionnelles » : boucher, maraîcher, fromager. La tendance du marché aujourd’hui est d’installer davantage de restaurateurs pour en faire un lieu de vie incontournable du quartier. Ses horaires d’ouverture singuliers le permettent : « On a du monde qui vient manger le soir, ça nous fait pas mal de clients en plus. »

Ici, les passants prennent leur temps et se promènent. Roger se satisfait de sa clientèle : « Elle est propre au quartier, il y a pas mal d’habitués ». Ces réguliers sont « souvent d’origine espagnole, voire espagnols eux-mêmes… Bien sûr, il y a aussi des curieux ». Ces derniers apprécient la convivialité du lieu. « Tout le monde s’entend bien », s’enthousiasme Roger.

« L’attraction du marché, c’est tous ces stands de cuisines étrangères »

« C’est un petit village, confirme Catherine en souriant, deux stands plus loin. A la fin de la journée, les garçons se regroupent pour boire un verre, moi je suis plus casanière ».  Le rythme tranquille de ce marché convient à cette maraîchère, installée depuis plus d’une dizaine d’années : « Nous avons nos habitués, les personnes âgées en semaine, les familles en week-end… C’est différent des autres marchés qu’on fait où les gens regroupent leurs achats et où il faut aller vite. »

Au-dessus de Catherine et de ses cheveux ras teintés en blanc, une grande photographie de sa belle-famille, des maraîchers depuis 1921. Aujourd’hui, le calme règne dans les allées quasi désertes. « L’attraction du marché, c’est tous ces stands de cuisines étrangères, marocain, espagnol, japonais… » Elle conseille l’épicerie allemande, au fond du marché, « unique en France ».

Philippe Même échange avec ses clients, dans l’épicerie Tante Emma Laden. Photo : Constantin Jallot

« Hans Riegel Bonn : Ha-Ri-Bo ! » s’amuse à expliquer Philippe Même, derrière son guichet : « Les produits allemands sont les derniers auxquels on pense… Pourtant ils sont nombreux ! » L’homme affable à la taille imposante tient cette épicerie spécialisée depuis 23 ans. Une fois par semaine, il se rend en Allemagne remplir les stocks.

Sa boutique connaît un véritable succès : jeunes et plus âgés se pressent devant le comptoir. Les clients ont tous un lien avec ce pays. Justine, par exemple, vient chercher les hosties, introuvables ailleurs, dont sa sœur a besoin pour la recette d’un gâteau traditionnel que leur mère allemande leur faisait à Noël. A côté d’elle, Guillaume, dans son long manteau noir, hésite devant le large choix de bières. Les petits pains d’épices nappés de chocolat qu’il tient en main lui rappellent ses années passées à travailler outre-Rhin dans l’informatique.

Philippe Même aime ses échanges avec les clients. Alors que sa retraite se profile en avril, il regrette de ne pas avoir trouvé de repreneurs… Le cas échéant, il devra fermer boutique. Et laisser place à un autre pays ? En attendant, les clients en profitent, comme ce couple âgé, des saucisses « wurstchen » à la main : « Ah, si j’avais su plus tôt qu’un magasin pareil existait ! »

Constantin Jallot