Dans la queue du Western Union de la gare du Nord

Quel que soit le moment de la journée, il y a toujours du monde dans l’établissement de transfert d’argent de la gare du Nord. Madagascar, Cameroun, Côte d’Ivoire… Les clients reçoivent ou envoient de l’argent vers de nombreux pays.

Le Western Union de la gare du Nord, au croisement des boulevards Denain et Magenta- Nils Leprêtre

« Western Union, c’est le seul moyen que j’ai pour envoyer de l’argent à ma famille. » Véronique, Malgache, vit en France depuis 15 ans avec son mari français. Son fils et une partie de sa famille résident à Madagascar, dans un « village très pauvre, sans eau potable ni électricité ». Assise dans un fauteuil du Western Union surchauffé de la gare du Nord, elle remplit les papiers demandés pour le virement. A l’approche de Noël, elle tient à envoyer un peu d’argent à ses proches. Une partie de son salaire de femme de chambre.

À l’agence, située au croisement des boulevards de Denain et de Magenta, tout est simple. Véronique peut déposer l’argent en liquide ou avec sa carte bleue. Et malgré la dizaine de clients qui font la queue en ce mardi après-midi, elle n’en a que pour une dizaine de minutes. Pour son fils, à Madagascar, c’est une autre histoire. « Il doit se lever à quatre heures du matin pour récupérer l’argent au bureau de poste. Il va en avoir pour une journée de déplacement à pied et en taxi-brousse », témoigne-t-elle.

« Je paye 426 euros pour que les destinataires en reçoivent 400 »

Un peu plus loin dans la queue, Sandrine attend encore pour transférer de l’argent à son fils, qui vit en Côte d’Ivoire avec son père. Arrivée en France il y a dix ans, elle lui envoie 310 euros tous les deux mois. Elle privilégie l’agence de la gare du Nord car « les frais de transfert y sont moins élevés qu’ailleurs ».

Mais combien coûte un envoi par Western Union ? « Je paye 426 euros pour que les destinataires en reçoivent 400 », répond Kader, qui patiente lui aussi pour atteindre le guichet. L’Ivoirien de 46 ans travaille dans la livraison. Ses quatre enfants, tous mineurs, vivent avec leur mère en Côte d’Ivoire. Il envoie 100 euros par mois et par enfant, ce qui « leur permet de vivre ».  

« Par la banque, c’est très long sans que l’on ne sache pourquoi »

Kader ne fait pas qu’envoyer de l’argent. « J’en reçois aussi d’amis et de la famille qui veulent que je leur achète certains produits moins chers ici. Par exemple des cosmétiques ou des habits pendant les soldes », raconte-t-il. Il expédie ensuite ses achats par conteneur, direction la Côte d’Ivoire.

Un jeune homme passe le pas de la porte. Blondel, étudiant de 23 ans, est en France depuis trois ans. Il suit une formation en management à Paris. Il privilégie les établissements de transfert d’argent car « par la banque, c’est très long sans que l’on sache pourquoi ». Une dame au guichet le coupe : « Vous envoyez ou vous recevez, monsieur ? » « Je reçois, depuis le Cameroun », s’empresse-t-il de répondre. Tous les deux mois, des amis lui envoient 500 euros pour l’aider à vivre dans la capitale. Après avoir récupéré son argent, il tente de se frayer un passage vers la sortie. L’agence est toujours aussi remplie.

Nils Leprêtre