Situé à cinq minutes à pied de la gare du Nord et de la gare de l’Est, la halle couverte attire à la fois des gens du coin, surtout le week-end, et des touristes de passage. Une clientèle bienvenue.
C’est dans un français un peu approximatif que Tania et Andreia passent commande au restaurant libanais AS Rare du marché couvert Saint-Quentin. Cheveux bouclés, écharpe rose et valise grise, Tania filme l’étal de la boutique pendant que son amie Andreia paie l’addition. Au menu des deux Brésiliennes : cafés et pâtisseries. « On voulait se rendre au restaurant brésilien du marché, mais il est fermé, se désole Andreia. On s’est rabattues ici pour prendre notre petit-déjeuner parce que ça ressemble un peu à ce qu’on a au Brésil, des pasteis de Nata. »
Avant le départ pour la gare, les deux vacancières se sont arrêtées au marché Saint-Quentin. Comme Tania et Andreia, les touristes sont nombreux à venir ici en attendant leur train. « On a de tout, confirme Ener, gérant de la boutique italienne. Il y a des Allemands, des Anglais, des Hollandais. Il y a ceux qui viennent de loin, pour les vacances, mais aussi ceux qui prennent le train quotidiennement et travaillent dans le quartier. »
Des disparités selon les commerces
Si le marché regorge de spécialités, c’est bien les traditions françaises que les étrangers s’arrachent. Sac à dos bleu, béret sur la tête et veste d’Eurostar, Patricia est venue récupérer une bouteille de vin entre deux trains chez Vitis Vinifera. Cheffe de bord au sein de la compagnie ferroviaire, cette Britannique de 44 ans est venue avec son collègue Sébastien, qui fait ses emplettes chez le fromager. « Je connais bien le marché, ça fait 20 ans que je fais Londres-Gare du Nord tous les jours. Quand j’ai le temps, je viens acheter des produits difficiles à trouver en Angleterre. Ici, ils ont des fromages à la truffe, c’est mon péché mignon. »
La concurrence des boutiques de la gare du Nord
Les commerçants ne réalisent pas leur chiffre d’affaires uniquement grâce aux touristes. « Ils représentent 20% de notre clientèle, ce qui n’est pas négligeable. Mais on a aussi et surtout des gens du quartier qui viennent faire leurs courses le week-end», détaille Martin, le gérant de la fromagerie Au cœur du marché.
Situé boulevard Magenta, à l’angle de la rue de Chabrol et de la rue des Petits-Hotels, le marché couvert mériterait d’être mieux indiqué. « Il n’y a pas assez de communication, regrette le commerçant tout en étiquetant les fromages sur son étal. Et puis il y a la concurrence des boutiques de la gare du Nord et du centre commercial juste en-dessous. Ça arrange la SNCF de garder les voyageurs dans la gare mais c’est dommage pour nous. En plus, la mairie ne nous aide pas beaucoup. »
Un constat partagé par Mathieu, 34 ans. Valise verte à la main, ce touriste allemand a mis plus de vingt minutes pour rejoindre le marché Saint-Quentin et s’installer enfin dans la terrasse intérieure du marché. « Je voulais sortir de la gare pour prendre quelque chose à boire. Il n’y avait qu’un seul panneau qui indiquait le marché. Je me suis perdu, j’ai dû chercher sur Internet », raconte-t-il en terminant son café.
Yanis Soul