Dans le centre commercial du quartier Rosa Parks, un seul magasin ne désemplit pas. Action, le magasin de hard-discount hollandais, accueille chaque jour les habitants et travailleurs qui préparent les fêtes.
Entre les inscriptions « articles de fêtes » et « loisirs créatifs », les panneaux orange vif indiquent des prix dérisoires : 1,99 euro le carnet de coloriage, 3,79 euros les truffes au chocolat et 6,49 euros le dinosaure en plastique. L’argument de vente attire ainsi les foules. En 2023, année marquée par une forte inflation, Action est même devenue l’enseigne préférée des Français, selon le cabinet EY-Parthenon. A en croire la file d’attente aux caisses, elle est aussi celle des habitants du quartier Rosa Parks, dans le XIXe arrondissement de Paris, où est installé le groupe.
L’équipe de 40 vendeurs, qui se partage les 1000 m2 , s’active pour remplir sans cesse les étagères. Un seul but : satisfaire les clients, dont l’affluence ne faiblit pas. Keltoum, venue d’Aubervilliers pour faire ses achats de Noël, ne s’étonne pas de ce succès : « Tout le monde vient ici parce que c’est moins cher. » Avec 50 euros de budget, la mère de quatre enfants a changé ses habitudes par rapport à l’année dernière. « C’est mes premiers achats de Noël ici. Mais si je veux offrir pleins de petits cadeaux à mes enfants, c’est le seul endroit où je peux les gâter », confie-t-elle. Elle pointe du doigt son panier, déjà à moitié rempli de jouets roses et bleus. Elle sillonne ainsi les rayons, compare les prix, varie les couleurs… Objectif atteint : « Mes enfants auront tous 5 cadeaux à déballer », se réjouit-t-elle.
Des tonnes de cadeaux pour un budget restreint
Autour de Keltoum, chacun s’attelle à comparer les prix pour dénicher LA meilleure offre. A ce jeu, c’est Marie qui gagne, contre sa mère Nathalie. Ensemble, accroupies au rayon des jeux pour enfants, elles cherchent des cadeaux pour leur association, qui les distribue à des jeunes de familles défavorisées. Le UNO déniché par Marie, « à 3,99 euros seulement », surpasse le jeu des sept familles de Nathalie, à un euro de plus.
Le premier magasin parisien de l’enseigne Action, qui était jusqu’à récemment le seul, présente ainsi des milliers de références, au prix moyen de deux euros. Une aubaine pour le duo. Face aux étagères qui croulent sous les produits, le plus dur est de choisir. Alors, pour remplir leur panier bleu qui déborde déjà de bricoles multicolores, mère et fille ont deux critères : « Il faut trouver des cadeaux pas chers et qui plaisent à tous. C’est exactement ce qu’il y a ici. »
Venu sans liste au Père Noël, Thierry cherche des cadeaux qui pourraient plaire à ses neveux. Employé de bureau juste à côté de l’enseigne, il est un client fidèle depuis un an, et connaît les rayons comme sa poche. « Je trouverai forcément des tonnes de petits cadeaux ici », anticipe-t-il. Mais pour la première fois cette année, c’est à lui de trouver des inspirations. La liste de cadeaux pour ses neveux, il ne s’est pas risqué à la demander de peur de se laisser rattraper par l’inflation. « Je risquerais de me noyer sous les dettes sinon », plaisante-t-il. Il déambule ainsi dans le rayon « idées cadeaux », tout en gardant un œil sur les prix. « L’année dernière, je ne les regardais pas », déplore-t-il.
Des cadeaux qui plaisent à tout le monde
Bilal est lui aussi en panne d’inspiration. Pour le « Secret Santa » de son entreprise, un tirage au sort de cadeaux organisé entre collègues, il cherche loin dans les étagères, même les plus inaccessibles. « J’ai pioché mon patron en plus ! Je n’ai vraiment pas le droit à l’erreur », confie-t-il. Avec un budget imposé de 10 euros, l’employé sait qu’il dépassera l’enveloppe. Sur les gants de boxe tout juste achetés, l’étiquette affiche déjà 11,99 euros. « Je veux le remercier pour ma promotion en lui offrant un cadeau amusant », se convainc-t-il en louchant sur le bonnet du Père Noël.
Bilal, pourtant arrivé sans idées, repart avec son panier plus rempli qu’il ne l’avait imaginé. Les gants de boxe, seul item de sa liste, sont finalement accompagnés d’un bonnet rouge qui chantonne « Petit papa Noël ». Au passage, il a même craqué pour un dinosaure pour son fils.
Adèle Loisel