Sanaa Alioui, à l’écoute du quartier de Stalingrad

La présidente de l’association Coup de pouce consacre sa vie au bénévolat et instigue des projets solidaires auprès des plus démunis.

Sanaa Alioui devant l’école de ses enfants, elle s’apprête à organiser une sortie au poney-club. Photo: Lucas Santerre

Lundi 18 décembre, 16h30. A la sortie de l’école 41 rue de Tanger, proche de la station de métro Stalingrad, les « bonjour Sanaa » s’enchaînent. Sanaa Alioui, grande brune de 38 ans, vient chercher ses fils Milan, 5 ans, et Jonas, 9 ans. L’élue représentante des parents d’élèves de l’établissement se rend à une réunion avec la directrice de l’école maternelle. Le sujet de la discussion : le manque de personnel d’éducation.

Elle est présidente de l’association Coup de pouce qui permet l’épanouissement de tous à travers la culture, l’éducation, le sport et l’environnement. L’organisme met notamment en place des sorties au poney club pour les enfants qui n’ont pas les moyens. Sur son profil LinkedIn, un seul poste figure, celui de présidente de l’association Coup de pouce depuis 14 ans. Sanaa Alioui depuis cinq ans n’a travaillé que bénévolement en ne dégageant aucun revenu.

Un engagement dès le plus jeune âge

Née d’un père algérien journaliste et d’une mère française , la jeune femme est familière du secteur de la solidarité. Elle est obligée de quitter son pays de naissance, l’Algérie, à l’âge de 9 ans. « On est arrivé en France quand la police a informé mon père qu’il était poursuivi par des terroristes pour avoir enquêté sur eux », indique Sanaa Alioui. Elle débarque en région parisienne, aux Mureaux, dans les Yvelines, à 12 ans. « Sanaa a toujours été très engagée sur des principes de respect du droit. Au collège, elle développe une rhétorique de l’argumentation. À l’école, ses camarades l’appelaient l’avocate », témoigne Omar Filci, son ancien assistant de vie scolaire. 

Sanaa Alioui rencontre aux Mureaux une mineure en grande difficulté familiale. Elle obtient d‘un juge l’autorisation de loger chez elle cette enfant pour une durée d’un an. « C’est le cœur qui a parlé. Quand quelque chose me touche, j’y vais à fond », confie, émue, Sanaa Alioui. 

Elle emménage dans le quartier de Stalingrad en 2012. « J’ai vu les sans-abris à même le sol. J’ai dormi pendant plus de trois mois dans une tente proche du canal Saint-Martin afin de veiller sur les populations vulnérables». À peine majeure, elle ouvre des squats, négocie des logements sociaux et fait des distributions alimentaires. « Son engagement vient de notre mère. Elle nous a toujours encouragés à parler et agir lorsqu’on voyait une situation injuste », souligne Majda, sa sœur cadette. « J’habite à Stalingrad, où il y a beaucoup d’inégalités sociales. Je ressens des besoins autour de moi. De ce que je donne, je reçois aussi beaucoup », rapporte Sannaa Alioui. 

Un modèle pour le quartier

« L’éducation se fait beaucoup par l’exemple », sourit-elle. Jonas, son fils, a déjà pris l’initiative d’une action de nettoyage au jardin d’Éole. « Il a commencé à ramasser naturellement une canette puis il m’a demandé s’il pouvait collecter d’autres déchets. Je lui ai acheté une pince puis il a entraîné ses amis dans cette action », raconte la mère de famille. 

« Je suis très fière de Sanaa. C’est toujours la première personne que je vais appeler quand j’ai besoin de conseils. Je sais qu’elle ne me jugera jamais », raconte sa sœur Majda. Sanaa Alioui crée actuellement une entreprise d’expertise comptable. Dans sa nouvelle profession et son engagement associatif, elle entend bien continuer à aider et aiguiller autrui. 

Lucas Santerre