Depuis un an, Elio, habitant du XVIIIe arrondissement à Paris, aide les usagers de la Ressourcerie du Poulpe à faire le tri et réparer leurs affaires. Un métier polyvalent pour le jeune homme de 22 ans féru de nouvelles expériences.
Un sourire radieux sur le visage, Elio ouvre en grand la porte de son atelier. Il plaisante en agitant les bras : “C’est ici que la magie opère”. La pièce est encombrée. A droite, des piles de livres s’alignent sur le sol. De l’autre côté, des jouets rangés dans des bacs en plastique attendent d’être triés. À 22 ans, le jeune homme est valoriste. Tri, Animation, Réparation… Depuis un an, il travaille à la ressourcerie “Le Poulpe” dans le XVIIIe arrondissement de Paris. “Un peu par hasard”, confie le jeune homme aux cheveux roses.
Pendant son enfance, Elio se prédestine à des études prestigieuses. Les yeux dans le vague, il explique : “J’étais bon élève alors j’ai enchaîné sur des études sans réfléchir. Après deux ans de prépa, une licence de géographie, je me suis rendu compte au moment de candidater en master qu’il fallait que je fasse une pause”. Attiré par les enjeux sociaux et écologiques, il entame son expérience au “Poulpe” en service civique en avril 2022.
Emprunter mille vies
Pas de gâchis dans son parcours, cependant. Elio compte bien recycler chacune de ses compétences dans son nouveau travail. Aujourd’hui responsable du pôle livre, sa passion pour l’écriture et la lecture est encore intacte. Des projets plein la tête, il aspire à réconcilier les usagers avec “ces petits bouts de papier”. En parallèle de ses réparations et de ses “petits mots du libraire”, il anime des ateliers avec des élèves sur le circuit du livre et le développement durable. “Il y a beaucoup d’écoles à Barbès et sur la Goutte d’Or. A la ressourcerie, on a vraiment à cœur de prendre de notre temps pour aider les jeunes à devenir des consommateurs plus responsables”.
La partie préférée de son travail ? “Tout”, répond-il après quelques secondes d’hésitation. Créatif, dynamique et sensible, Elio rêve d’emprunter mille vies différentes. Travailler dans un tiers-lieu, c’est aussi faire le choix de ne pas prendre de décision. Au quotidien, aucune journée ne ressemble à la précédente. “Je fais du manuel, je vais voir des gens, je fais de la communication, là ce matin j’ai un peu décoré l’espace. C’est ça qui me fait kiffer, j’aime le mouvement !” s’enthousiasme-t-il.
Une seconde famille
Originaire de Corrèze, il s’est installé dans le quartier à ses 18 ans. Étudiant précaire à l’époque, il était attiré par les prix abordables du XVIIIe arrondissement. Il fronce les sourcils en se rappelant cette période. “J’avais entendu beaucoup de choses, comme quoi c’était dangereux et horrible d’y vivre. Moi ça m’énerve, ces discours sans nuance. C’est l’endroit le plus solidaire que je connaisse”, déclare-t-il avec une pointe d’agacement.
Au cœur de l’animation du quartier, Elio a trouvé une seconde famille. A la Ressourcerie particulièrement, il décrit une atmosphère chaleureuse centrée sur l’humain. Homme transgenre, Elio a entamé sa transition médicale et sociale au début de son installation dans le quartier. Il souffle : “Contrairement à ce que les gens veulent penser, je ne me prends pas plus de commentaires désagréables ici qu’ailleurs. C’est même le contraire”.
Kinda Luwawa