Dans le gris de la gare Rosa Parks, les boutiques misent sur la convivialité

Les quatre stands installés à l’entrée de la station RER essaient de créer une ambiance de quartier pour fidéliser leur clientèle de passage.

Gare Rosa Parks, quatre stands sont positionnés entre le quai du RER et la station de tram. (Crédit : Juliette Vieban)

« Comment ça va la mama ? » Emmitouflé dans une doudoune pour se protéger des courants d’air, Farid, le gérant d’un stand de fleurs, reçoit avec un grand sourire sa cliente, Liliane. La retraitée de 60 ans fait partie des Parisiens de passage dans la gare Rosa Parks, traversée par le RER E. Comme elle, ils sont des milliers chaque jour à passer par cette station grise qui fait le lien entre Paris et la banlieue est. La plupart, le regard dans le vide, le téléphone à la main. Mais certains décident de s’arrêter à un des stands de l’entrée de la gare. Et quand ils le font, ils sont ravis de l’accueil.

« Elles sont là les roses rouges ma chérie », indique Farid à Liliane. Elle est une habituée. Chaque lundi, elle lui achète trois roses. Farid s’amuse avec ses clients. Cela fait huit ans qu’il tient un commerce dans le tunnel de la gare du XIXe arrondissement. « Je connais tout le monde maintenant », s’exclame-t-il juste avant de saluer d’une poignée de main un homme qui passe. Pour le commerçant, le contact humain est important. Il instaure avec ses trois voisins de l’allée une ambiance conviviale dans cet endroit inhospitalier qui fait partie du quotidien de milliers de personnes. 

Un emplacement pratique pour tous

Mélodie, une étudiante en école de commerce de 19 ans, prend le RER tous les jours à Rosa Parks. Aujourd’hui et pour la première fois, elle s’est arrêtée au stand de produits exotiques tenu par Affou, 19 ans, et sa cousine Leila, 27 ans. Bananes plantains, sauce rouge et boissons africaines remplissent les étales. « Je reviendrai ! C’est pas cher et on ne trouve pas ces produits partout », raconte l’étudiante ravie de ses trouvailles. Elle finit sa journée sur une note joyeuse, prête à préparer son attiéké, une semoule ivoirienne. 

Comme Mélodie, ils sont beaucoup à s’arrêter spontanément devant les stands lumineux avant de rentrer chez eux. « C’est l’occasion, c’est pile sur mon trajet », confie Clément, un professeur d’anglais de 27 ans, accoudé à une troisième boutique. Le casque de musique levé juste au-dessus de ses oreilles, il achète des boucles d’oreilles pour remplacer celles perdues la semaine dernière. 

« On s’entend tous super bien ! »

Tous les jours, environ 45.000 personnes passent par la gare Rosa Parks, d’après la RATP. C’est tout autant de clients potentiels pour les quatre commerces présents à son entrée. Les coûts de location d’un de ces emplacements s’élèvent à 2.400 euros par mois. Alors pour ces commerçants, il est vital de se créer une clientèle fidèle. D’autant plus que de l’autre côté de la gare, des vendeurs à la sauvette leur font concurrence. Conséquence : un des stands change régulièrement de gérant à cause de difficultés financières. 

Mais pas de quoi saper la convivialité de l’allée. Une entraide s’est installée entre les quatre commerçants. « On est contents de se retrouver le matin. Et si l’un de nous a besoin d’aller aux toilettes par exemple, on surveille son stand », détaille Hassan qui vend une quinzaine de coques de téléphone par jour. Affou et Leila se sont installées il y a deux mois mais se sentent déjà intégrées. « Le matin, ça arrive qu’un des collègues nous ramène un café. C’est un petit geste mais ça fait toujours plaisir. » Une petite communauté au milieu des milliers de passants quotidiens.

Juliette Vieban